Pourquoi la Fédération Wallonne de l’Agriculture s’est battue contre cette cartographie ?
BCAE 5, plan anti-érosion & agriculture :
Pourquoi ces mesures posent-elles question ?
BCAE 5, quatre lettres et un chiffre qui ne veulent peut-être rien dire pour vous… Mais qui sont lourds de conséquences pour nos agriculteurs. La BCAE 5, soit la 5ème Bonne Condition Agricole et Environnementale, est une des clauses permettant aux agriculteurs d’obtenir certaines aides de la PAC, la Politique Agricole Commune européenne. Et si cette condition pose tant question aujourd’hui, c’est parce qu’elle est considérée par beaucoup comme irréaliste, abusive et – surtout – complétement coupée de la réalité de terrain.
Laissez-nous vous expliquer pourquoi !
L’érosion & les inondations : l’affaire de tous !
Parce qu’il faut commencer par le commencement et remettre l’église au milieu du village – ou la ferme au milieu de la campagne – : si le secteur agricole manifeste, grogne et revendique, ce n’est absolument pas pour nier l’importance des questions liées à l’érosion ou d’inondation.
Les agriculteurs, comme tous les citoyens belges, ont été touchés de près ou de loin par les dernières inondations. Les agriculteurs, comme tous travailleurs, souhaitent travailler avec des outils – la terre, ici – efficaces et productifs.
Mais les agriculteurs, en bons pères et en bonnes mères de famille, souhaitent léguer à leurs enfants des terres cultivables.
Le problème de la BCAE 5 n’est pas un problème de fond. D’ailleurs, la plupart des agriculteurs (et de nombreuses communes) ont déjà pris des mesures contre l’érosion… Certains même depuis des années et des années ! La dernière PAC possédait d’ailleurs elle aussi sa BCAE 5, respectée par toutes et tous.
L’érosion & les inondations : l’affaire de tous !
Parce qu’il faut commencer par le commencement et remettre l’église au milieu du village – ou la ferme au milieu de la campagne – : si le secteur agricole manifeste, grogne et revendique, ce n’est absolument pas pour nier l’importance des questions liées à l’érosion ou d’inondation.
Les agriculteurs, comme tous les citoyens belges, ont été touchés de près ou de loin par les dernières inondations. Les agriculteurs, comme tous travailleurs, souhaitent travailler avec des outils – la terre, ici – efficaces et productifs.
Mais les agriculteurs, en bons pères et en bonnes mères de famille, souhaitent léguer à leurs enfants des terres cultivables.
Le problème de la BCAE 5 n’est pas un problème de fond. D’ailleurs, la plupart des agriculteurs (et de nombreuses communes) ont déjà pris des mesures contre l’érosion… Certains même depuis des années et des années ! La dernière PAC possédait d’ailleurs elle aussi sa BCAE 5, respectée par toutes et tous.
BCAE 5 : la carte n’est pas le territoire
Le premier problème de cette BCAE 5 wallonne est simple : cette conditionnalité se base sur une carte… qui ne ressemble en rien au territoire ! Des parcelles agricoles cultivées depuis toujours sans problème se retrouvent interdites d’exploitation tandis que d’autres terrains, connus pour être problématiques (et donc cultivés de manière responsable), gagnent le feu vert de la Région wallonne… Le tout sans aucun consensus avec les agriculteurs concernés.
Certains agriculteurs, conscients du problème d’érosion de leurs parcelles, travaillent depuis des décennies avec des méthodes agricoles douces ou ont imaginé des méthodes testées et certifiées afin de contourner le problème, dans le respect de leurs terres. Ces agriculteurs sont maintenant contraints d’abandonner leurs terrains car la cartographie ne leur est pas favorable.
De nombreuses communes ont financé des plans d’aides aux agriculteurs ou de protection des terres agricoles pour diminuer l’érosion et favoriser la production locale. La Région leur refuse les bienfaits de cette politique de proximité au nom d’une cartographie erronée.
Nous disons NON à cette politique abusive qui ne connaît ni ne comprend la réalité du terrain ! Les agriculteurs sont les premiers concernés par l’érosion des sols et doivent participer à l’élaboration d’un plan qui leur permettra de léguer le fruit d’une vie de travail à leurs enfants !
BCAE 5 : pourquoi faire tout un foin si les agriculteurs finissent sur la paille ?!
Ce plan, qui va impacter tous les types d’agricultures (des agriculteurs en conventionnel, en raisonné, en agro-écologie et en bio ont été « déclassés » par l’administration), risque fortement d’avoir un double effet éminemment négatif :
- La diminution drastique du nombre d’agriculteurs en Wallonie, alors même que nous commencions à inverser la tendance…
- L’augmentation des prix des produits locaux… Puisqu’il y en aura beaucoup moins. Moins d’agriculteurs, moins de produits locaux. Moins de produits locaux, moins de disponibilités sur le marché. Moins de disponibilités sur le marché, plus de prix. Plus de prix, moins de demande. Moins de demande, moins de ventes. Moins de ventes, moins d’agriculteurs… On parle de ce cercle vicieux ?! Les calculs sont pas bons, Kevin.
Passé ce raccourci bienvenu, il faut comprendre que de nombreux agriculteurs wallons se retrouvent privés de leurs outils de travail. Un grand nombre de cultivateurs pénalisés de 10% de leurs surfaces, certains sur 80%, voire sur la totalité… Un jeune repreneur a renoncé à son projet car les parcelles s’étaient retrouvées en zone à risque : investir pour rien, est-ce vraiment un projet de vie ?
Le risque est bien réel de voir l’agriculture wallonne décroitre, décrépir… Ou simplement disparaître, peu importe le mode de production !
Conséquence de tout cela : l’augmentation évidente du coût du panier d’achat, l’importation des produits alimentaires de base et un effet inverse à celui souhaité : un impact très négatif sur l’environnement et le climat vu l’importance accrue du transport routier.
Payer plus pour manger moins, est-ce là l’avenir de l’alimentation wallonne ?!
BCAE 5 : en vert et contre tous ?
De nombreuses obligations et autres prérequis de cette BCAE 5 wallonne sont, au minimum, contre-intuitifs… Voire contre-indiqués pour la pérennité de notre modèle agricole : une des solutions proposées pour pouvoir continuer à cultiver sa parcelle est ainsi de créer des bandes enherbées sur tout le pourtour d’un terrain sensible à l’érosion… De sa base au sommet de sa crète, pourtant si peu touché par l’érosion des sols. De la même manière, les pratiques et usages « non agricoles » (comme les bassins de rétention d’eau) ne sont pas pris en compte dans cette cartographie érosive, malgré le travail effectué et l’argent investi dans ces modes de protection de la terre.
Des solutions existent et doivent être mises en avant, de concert avec les agriculteurs !
BCAE 5 : Qui veut la peau de notre agriculture ?
La BCAE 5 a donc pour objectif de protéger les sols de l’érosion par une série de mesures impactant directement le travail des agriculteurs et agricultrices wallons : ceinture enherbée (donc perte de terres cultivables), réduction des parcelles agricoles (donc pertes de récoltes et augmentation du temps de travail en plus des investissements nécessaires), limitation des cultures possibles (donc perte de revenus et de liberté d’exploitation), obligation de transformer certaines terres cultivables en prairies (donc perte de surfaces cultivables et de production),…
Si on compare ce plan anti-érosion avec son pendant flamand ou français, on remarque directement que quelque chose cloche en Wallonie. Ce plan anti-érosion est identique en Wallonie et en Flandre sauf que le plat pays est plus plat au nord du pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Flandre a placé 6,9% de ses terres cultivables en zone à risque, avec 0% en « zone noire » (risque extrême, obligation de prairie), là où la Wallonie met 29,1% de ses terres cultivables dans la balance, avec 4,6% de celles-ci en « zone noire ». La problématique est bien différente et devrait donc être traitée autrement. En France, la BCAE 5 se résume en 4 lignes : « Le labour reste interdit sur les parcelles situées sur une pente de plus de 10 % entre le 1er décembre et le 15 février, sauf s’il est effectué perpendiculairement à la pente et s’il existe une bande végétalisée pérenne d’au moins 5 m de large en bas de la parcelle déclarée. Le travail des sols inondés ou gorgés d’eau est également interdit”. Le sol wallon est-il à ce point faible et friable comparé à son voisin d’outre-Quievrain ? On se permet d’en douter…
De nombreux agriculteurs vont perdre jusqu’à 10% de leurs terres… Et donc de leurs revenus. Plus de travail pour moins de revenus
Ce plan BCAE 5 de la PAC 2023/2027 n’est ni logique, ni efficace au regard des pratiques européennes !